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Connaissance de l'huile
d'olive Association loi 1901 (ne
reçoit aucune subvention, ni publique ni privée)
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L'huile d'olive et nous Dr
André Charbonnier (Février 2002) |
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En une quinzaine
d'années, l'huile d'olive est devenue l'un de nos aliments les plus
familiers. La ménagère française, à l'exception de
la provençale, s'en servait bien peu jusqu'alors. Les Français la
perçoivent aujourd'hui comme amie de leur santé. Sa composition
est excellente : son acide gras principal, l'acide oléique, est
le chef de file des acides gras monoinsaturés (Agmi) et les
antioxydants de son insaponifiable (vitamine E et polyphénols)
sont des agents protecteurs très actifs. La forte augmentation des
ventes d'huile d'olive dans notre pays a engendré des dérives,
que le consommateur doit connaître avec précision et
honnêteté. |
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Le choix du
consommateur serait simplifié si :
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la
dénomination générique d' "huile d'olive" était
réservée aux classes d'huiles vierges;
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La
dénomination d' "huile alimentaire à base d'olive" correspondait
aux huiles naturellement trop acides, devenant alimentaires après
raffinage, solvants organiques, rajouts et coupages.
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Deux classes principales se partagent le
commerce alimentaire de l'huile d'olive, dont le consommateur actuel a du mal
à distinguer le sens, les limites et la spécificité.
Seules les huiles d'olive vierges
correspondent à un produit naturel. Elles sont obtenues au
moulin par simple pression mécanique des olives et sont consommables en
jus de fruits. On distingue les vierges extra (acidité
oléique inférieure à 1 %) et les vierges fines
(acidité oléique comprise entre 1 et 2 %). Ces huiles ont un
passé millénaire d'aliment humain. Elles
représentent l'excellence alimentaire de l'huile d'olive.
Les huiles vierges devraient porter le nom générique d' "huile
d'olive".
Sous la dénomination
générique d'huile d'olive, on propose à la vente des
huiles d'olive dont l'acidité oléique au moulin dépasse
3,5%. Elles ne sont pas consommables comme telles et servaient autrefois
à des usages lampants. Elles ne deviennent alimentaires qu'après
raffinage et/ou non passage par les solvants (perte des
constituants de leur insaponifiable : colorants et antioxydants), ajouts
(colorants et vitamine E) et coupages (dans des proportions non
réglementées d'huile d'olive vierge).
L'emploi du nom générique
d' "huile d'olive" pour ces produits transformés est abusif et trompe le
consommateur. Ce nom doit lui être retiré par l'Union
Européenne et le Conseil Oléicole International qui le lui ont
accordé. Ce bas de gamme d'un aliment aussi noble que l'huile d'olive
devrait porter le nom d' "huile alimentaire à base d'olive". Il
se vend surtout dans les deux principaux pays producteurs, l'Espagne (85 %) et
l'Italie (50 %) et malheureusement dans nombre de marchés neufs
d'importation (Etats-Unis, Canada, Australie et Japon, par exemple). Il n'a
qu'une très petite place en France (2 à 4 %). |
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Les mentions
à conserver sur l'étiquetage des huiles d'olive sont :
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l'appellation
"huile d'olive" (vierge extra et vierge fine) ou "huile alimentaire à
base d'olive";
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le taux
d'acidité oléique en g % (surtout pour les vierges) ;
-
éventuellement la précision de l'origine
(traçabilité).
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L'étiquette des bouteilles d'huile
d'olive devrait faciliter le choix du consommateur. Or, tel n'est pas le cas !
Bien au contraire, elle rajoute des difficultés propres, objets
d'incompréhensions :
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Les mentions "huile d'olive vierge
extra" et "huile d'olive vierge fine" figurent bien sur les
étiquettes et correspondent au produit naturel. Plus simplement, elles
devraient porter le nom générique d' "huile d'olive" suivi
de la qualité extra ou fine.
-
La dénommée "huile
d'olive" correspond à un produit transformé par l'industrie.
Elle devrait être étiquetée "huile alimentaire à
base d'olive".
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Le taux de l'acidité
oléique figure sur l'étiquette des huiles alimentaires
à base d'olive. S'il est inférieur à 1,50 %, ceci
indique simplement que ces huiles sont alimentaires (c'est le règlement
!), et rien d'autre.
Il serait judicieux que le taux de
l'acidité oléique soit noté sur toutes les
étiquettes des huiles d'olive vierges. Or, il n'y figure jamais,
privant le consommateur d'une information utile pour reconnaître les
qualités extra (< 1 g %) ou fines (compris entre 1 et 2
g %) des huiles vierges.
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Première pression à
froid. Cette mention n'a aucun fondement juridique. La pression à
chaud autour de 60° C est pratiquée pour accroître le
rendement en huile. Frauduleuse, elle n'est jamais indiquée sur
l'étiquette.
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Pure, courante, lampante, light, product of nation,
no cholestérol sont quelques uns des qualificatifs trouvés
sur les étiquettes. Ce sont des slogans publicitaires sans
intérêt pour le consommateur.
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L'huile d'olive résiste mieux au
rancissement, au vieillissement et à l'oxydation que les autres huiles
et aliments gras.
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Le point de fumée de
l'huile d'olive vierge, environ 200°C, est plus élevé que la
température habituelle des fritures (180°C).
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La résistance au
vieillissement ou thermoxydation des huiles d'olive vierges est la
meilleure des graisses alimentaires.
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Le degré de rancissement
de l'huile d'olive vierge mesuré par l'indice d'iode est le plus
faible de toutes les huiles alimentaires.
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La reconnaissance
biochimique des huiles d'olive vierges |
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Les huiles
d'olive vierges seront reconnues de façon exacte Le jour où l'on
disposera d'un dosage simplifié des polyphénols (qu'elles sont
les seules à inclure). |
Aujourd'hui, la caractérisation
biochimique des huiles d'olive vierges n'est pas satisfaisante, car elle se
fait sur la recherche de certains acides gras, présents aussi dans les
huiles à base d'olive.
Pour résoudre ce problème
difficile, le COI et l'UE proposent une analyse sensorielle, qui
évidemment ne peut intéresser que les huiles d'olive vierges. Ils
en ont défini les diverses étapes.
Madame H. Lafont estime que "seul le
dosage des composés mineurs de l'insaponifiable est satisfaisant pour
reconnaître les qualités vierges des huiles d'olive. Les plus
intéressants à doser sont les polyphénols, antioxydants
majeurs. Il conviendrait de simplifier leur dosage, de façon que les
autorités communautaires puissent le proposer comme le moyen analytique
essentiel de la reconnaissance des huiles vierges". (Actes du
Colloque du Sénat sur L'huile d'olive de France, Agora Europe
éd., pp 101-104, 2000) |
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La
pénurie des huiles françaises et les écarts de prix entre
les huiles d'olive et les huiles alimentaires à base d'olive sont les
causes principales des fraudes de fabrication et surtout de commercialisation
du marché français. |
Les fraudes intéressent les huiles
d'olive françaises et étrangères vendues en France.
Détecter les fraudes de fabrication et de commercialisation est d'autant
plus nécessaire dans notre pays que la consommation comprend presque
exclusivement des huiles vierges et que certaines huiles d'olive vierges
d'origine française bénéficient d'une AOC.
Fraudes de fabrication
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Détection de constituants et
d'additifs interdits, ainsi que de contaminants en provenance des traitements
externes des oliviers;
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Vérifications des
caractères, y compris organoleptiques, des huiles vierges;
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Détection d'huiles
raffinées dans des huiles vendues comme "vierges";
-
Détection des coupages frauduleux
avec des huiles de graines;
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Détection des coupages frauduleux
avec des huiles de fruits pressés (noix, noisettes, amandes);
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Déclassement d'autorité
des huiles trop oxydées, acidifiées et rancies.
Fraudes de commercialisation
-
Contrôle de l'origine AOC,
française ou étrangère. En ces temps de fortes ventes
d'huile d'olive, l'origine France est souvent revendiquée pour des
huiles étrangères. A noter qu'un règlement de l'UE,
très discuté, précise que les huiles extraites en France
avec des olives importées peuvent porter la mention "origine France".
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Il faut veiller
attentivement à la séparation des informations scientifiques et
commerciales des huiles d'olive vierges et des huiles alimentaires à
base d'olive. Le consommateur a le droit de savoir que les huiles d'olive
vierges représentent à la fois l'excellence de l'aliment et
l'optimum de ses effets sur la santé. |
L'huile d'olive vierge était
autrefois parée de toutes les vertus. Il suffit de relire les aphorismes
d'Hippocrate : elle était la santé elle-même !
Certaines valeurs-santé de l'huile
d'olive vierge ont été confirmées par la méthode
scientifique moderne, et d'autres récusées ! Quelques unes ont
été découvertes, dont celle jugée aujourd'hui la
principale, la valeur-santé de l'huile d'olive vierge dans les
régimes de prévention des maladies cardio-vasculaires
ischémiques (angine de poitrine, infarctus du myocarde et mort subite du
cardiaque).
Peu de valeurs-santé des huiles
alimentaires à base d'olive n'ont été établies
scientifiquement, ni de façon intrinsèque, ni par comparaison
à celles des huiles d'olive vierges. Or, d'importantes
différences de valeurs existent entre huiles d'olive et huiles à
base d'olives, loin d'être toutes précisées. On sait par
exemple que les huiles alimentaires à base d'olive, devenues très
pauvres en antioxydants par les traitements industriels, sont de ce fait
incapables, contrairement aux vierges, de s'opposer à la peroxydation
des LDL, voie majeure de la formation des plaques d'athérome.
L'information commerciale actuelle de
l'huile d'olive englobe dans un même ensemble les huiles vierges et les
huiles alimentaires à base d'olive. Ces dernières sont
parées sans vergogne des qualités symboliques de l'huile d'olive
jus de fruits : "un produit authentique, une façon de retourner
à nos racines, un produit bon qui fait du bien, issu d'une culture en
voie de diffusion universelle" (A. de Saint-Affrique, in
L'huile d'olive de France, Colloque du Sénat, Agora Europe éd.
Sèvres, 2000, pp. 85-86). |
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Principaux sites
d'activités |
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Sans être
aussi universels qu'on l'estimait il y a deux mille ans, les bienfaits de
l'huile d'olive sur la santé sont présents au niveau de nombreux
sites et organes du corps humain. Ils débordent largement la
prévention des maladies cardio-vasculaires. Ils ont tous
été prouvés pour l'huile d'olive par la méthode
scientifique. La plupart restent à démontrer pour les huiles
à base d'olives. |
Cur, artères, veines et
sang
L'huile d'olive vierge est l'aliment gras
qui prévient le mieux la formation des plaques d'athérome
apparues sur la paroi interne des artères et des veines et source des
maladies cardio-vasculaires ischémiques (infarctus du myocarde, angine
de poitrine et mort subite du cardiaque) :
-
L'huile d'olive a le rapport
a-tocophérol/acide linoléique le plus favorable des huiles
alimentaires, traduction de son efficacité en prévention de
l'athérome artériel ;
-
Elle maintient ou abaisse la
cholestérolémie totale et celle des LDL (le mauvais
cholestérol) ;
-
Elle maintient ou élève la
cholestérolémie des HDL (le bon cholestérol) ;
-
Ses antioxydants (vitamine E et surtout
polyphénols) luttent contre l'agression oxydante et
athérogène des radicaux libres ;
-
Elle "ramasse" mieux que les autres
aliments gras le cholestérol libre présent sur la membrane
endothéliale des artères, ce qui permet son élimination
hépatique et biliaire ;
-
Elle provoque la plus forte baisse de
l'agrégation plaquettaire de tous les aliments gras, réduisant de
la sorte la formation des thromboses au voisinage des plaques d'athérome
;
-
Elle est l'aliment gras de base du
régime méditerranéen.
Estomac
L'huile d'olive est l'aliment gras le plus digeste.
-
Elle ne ralentit pas l'évacuation
gastrique, à la différence des huiles de graines et surtout du
beurre ;
-
Elle s'oppose au reflux des aliments
vers l'sophage ;
-
Elle ne modifie pas l'acidité
gastrique spontanée et provoquée.
Foie, vésicule et voies
biliaires
L'huile d'olive est l'aliment gras de
référence de la contraction vésiculaire et de la
sauvegarde de la fonction biliaire..
-
L'huile d'olive produit une
évacuation douce, régulière et complète de la
vésicule biliaire ;
-
Pendant ce temps de l'évacuation
vésiculaire, l'huile d'olive met provisoirement au repos la fonction
biliaire du foie ;
-
L'huile d'olive ne modifie pas la teneur
de la bile en cholestérol. Contrairement aux huiles de graines
hypocholestérolémiantes, elle n'accroît donc pas le risque
de lithiase vésiculaire.
Intestins
L'huile d'olive est un aliment gras
parfaitement toléré par l'intestin.
-
L'huile d'olive est complètement
assimilée par l'intestin : toute son énergie (9 kcal/g) est donc
disponible pour l'organisme ;
-
L'huile d'olive ne modifie pas la
vitesse du transit intestinal et ne provoque ni diarrhée ni constipation
;
-
L'huile d'olive est l'aliment gras qui
favorise le mieux la digestion des aliments dits "les plus lourds" et
l'absorption des vitamines.
Os
L'huile d'olive, par sa richesse en acide
oléique, minéralise et protège l'os.
-
L'acide oléique favorise
l'absorption intestinale du calcium, du phosphore et de la vitamine D3
;
-
L'acide oléique, dont l'huile
d'olive est très riche (80 %), est l'acide gras le plus abondant et le
mieux réparti dans les diverses structures de l'os ;
-
L'huile d'olive assure la croissance
normale des os ;
-
L'huile d'olive est l'aliment gras qui
optimise le mieux la minéralisation et la densité de l'os chez
l'homme.
Cerveau et système
nerveux
L'huile d'olive protège et aide les fonctions du
neurone.
-
-L'huile d'olive maintient
l'intégrité des membranes des neurones, très riches en
lipides ;
-
L'huile d'olive facilite les
échanges entre le sang et la cellule nerveuse ;
-
L'huile d'olive, grâce à
son patrimoine d'antioxydants très actifs, lutte contre le
vieillissement cérébral provoqué par les radicaux
libres.
Peau
L'huile d'olive a le meilleur pouvoir
couvrant des corps gras.
-
L'huile d'olive, par sa forte teneur en
vitamine E et en polyphénols, protège la peau contre les UV et le
rayonnement solaire ;
-
L'huile d'olive, toujours par sa
richesse en antioxydants, retarde le vieillissement de la peau.
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L'huile d'olive et
le régime méditerranéen |
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Le "régime
méditerranéen" fait l'objet depuis quelques années d'un
large battage médiatique. Il serait le meilleur régime
nutritionnel de la prévention des maladies cardio-vasculaires. Les
nombreuses réunions, conférences et publications à son
sujet lui confèrent malencontreusement toutes les apparences d'un lobby
commercial. Il convient de s'en tenir à des notions médicales
exactes et saines dans ce domaine. Pour ce faire, il n'est qu'un seul chemin,
la démonstration de son efficacité par les méthodes
scientifiques modernes. Elles seules sont le garant de la valeur des
régimes de prévention, dont les régimes
méditerranéens" utilisés en prévention des maladies
cardio-vasculaires d'origine athéromateuse.
Remarque de base : les maladies
cardio-vasculaires par athérome sont pour la plupart d'origine
nutritionnelle.
La plaque d'athérome se forme
lentement sous l'influence d'une mauvaise alimentation grasse habituelle, dont
on connaît le mécanisme. L'hypercholestérolémie,
responsable majeure, se forme par un excès prolongé de
consommation de graisses totales (supérieur à 35 % des calories
journalières), et surtout de graisses à acides gras
saturés (Ags), celles des viandes, du beurre et des fromages. Soumettre
le patient à un régime gras approprié de prévention
est un geste médical urgent. Il doit précéder toute
prescription de drogues hypocholestérolémiantes, illogique sans
rectification préalable du régime gras.
Brûler l'étape du régime
de prévention est un non-sens ! On crée une situation semblable
à celle d'un fumeur désirant arrêter les
conséquences de la cigarette, qui se traiterait seulement pas des patchs
à la nicotine et par des consultations de psychologues, mais refuserait
de s'arrêter de fumer ! Quand ils sont efficaces, à eux seuls, ces
régimes gras de prévention ralentissent, stabilisent ou
même font régresser l'athérome.
Le régime
méditerranéen doit correspondre à des données
nutritionnelles précises.
Or, on est dans le flou. Exemple :
les experts choisis par l'Union Européenne ont publié des
recommandations qui ne précisent ni la ration calorique
journalière, ni le meilleur équilibre
sucres/protéines/graisses de leurs "régimes
méditerranéens". Les menus journaliers retenus sont aussi
hétéroclites qu'il y a de pays méditerranéens aux
habitudes alimentaires plurielles : salades niçoises en France,
pâtes en Italie, moussaka en Grèce, paëlla en Espagne,
couscous et tagine en Afrique du Nord, etc. Ces plats nationaux sont souvent
trop riches, voire inadaptés à la prévention
nutritionnelle des maladies cardio-vasculaires. L'UE a diffusé une
pyramide théorique indiquant les familles d'aliments (sans
préciser les portions correspondantes) à consommer de
préférence, dans l'ordre décroissant suivant : sucres
rapides et lents, fruits, légumes frais et secs, huile d'olive et olives
de table, produits laitiers (dont les fromages et les yaourts). Dans le choix
des protéines, il faudrait préférer les poissons aux
ufs et à la volaille et surtout aux viandes rouges. Qu'on se
rassure, le consommateur est autorisé à trinquer chaque jour avec
un verre ou deux de vin rouge ! L'UE et le COI soutiennent aussi un
régime dit "crétois" proposé par l'école de Renaud,
utilisé cinq jours par semaine (pourquoi ?). Ce régime est
très hypolipidique (28 % des calories journalières contre les 46
% de moyenne !). Il associe une faible consommation de viandes rouges (lipides
cachés à Ags) à l'huile d'olive et même
(mystère !) à une margarine à base d'huile de colza. Ce
serait l'association acide oléique (Agmi) et acide a-linolénique qui serait préventive, plus
que la faible consommation de graisses ou l'huile d'olive seule. A voir et
à démontrer !
Le régime
méditerranéen doit être proche du régime alimentaire
des anciens paysans crétois.
C'est par référence aux
études de Keys, que les régimes méditerranéens dits
"crétois" sont actuellement proposés pour la
prévention des maladies morbides et mortelles cardio-vasculaires par
athérome. Ce régime "crétois" s'est
révélé le plus efficace des régimes suivis par six
autres populations de paysans isolés, réparties dans le monde.
Attention : le régime crétois est celui de 1957 et non celui
d'aujourd'hui. En 1957, les paysans crétois des villages
isolés consommaient beaucoup de pain, de pommes de terre, de fruits et
légumes, de lait et d'huile d'olive. Ils mangent aujourd'hui plus de
poisson, de fromages et de viandes rouges. Leurs aliments gras sont beaucoup
plus variés qu'autrefois : le rapport Agmi/Agpi des acides gras des
aliments gras consommés par les Crétois est passé de 3,62
en 1960 à 1,66 en 1988, celui des Agpi/Ags de 0,37 à 0,28 ! La
cholestérolémie totale moyenne des adultes s'est accrue de
4,7mmol/l en 1962 à 6,4 mmol/l en 1988, soit + 36 % en 26 ans !
Parallèlement, les maladies cardio-vasculaires morbides et mortelles se
sont multipliées pendant cette période.
Comme tout autre régime
nutritionnel, le régime méditerranéen doit être
contrôlé en permanence par le médecin.
En nutrition, tous les régimes
doivent être établis par le médecin et surveillés
par lui en permanence. Les régimes
"méditerranéens" devraient d'autant moins échapper
à cette règle qu'ils portent l'espoir de prévenir les
maladies cardio-vasculaires par athérome artériel, maladies
toujours graves et souvent mortelles.
Le premier contrôle, fondamental,
est la surveillance journalière de toutes les entrées d'aliments
gras. Tout excès d'aliments gras dans un régime, même
équilibré en calories journalières, constitue un risque
cardiaque propre. Le retour à des apports journaliers normaux (ou plus
faibles) de graisses alimentaires contribue à la prévention
cardio-vasculaire, au moins autant que les aliments
méditerranéens eux-mêmes introduits dans le
régime.
Le second contrôle concerne la
qualité des graisses consommées pendant une période
donnée, par exemple une journée. Le médecin doit
connaître au jour le jour les quantités respectives des acides
gras des trois familles, Ags, Agmi et Agpi, présentes dans les portions
de tous les aliments gras consommés pendant une unité de temps.
Le profil idéal des acides gras préventifs des maladies
cardio-vasculaires a été défini pour les habitants de
notre pays : Ags/Agmi/Agpi = 33/50/17.
Avec Jean-Louis Richard, nous avons
proposé un Score Lipidique de Prévention (SLP),
significativement représentatif de ces deux contrôles permanents
des aliments gras (voir le e-dossier
correspondant).
Des contrôles biologiques
réguliers méritent de compléter celui du SLP.
L'efficacité de la prévention
nutritionnelle des maladies cardio- vasculaires par athérome se traduit
souvent par un retour vers la normale des lipoprotéines suivantes :
cholestérolémie totale, cholestérolémie des LDL et
des HDL, triglycérides, LDL non oxydables par les radicaux libres,
facteurs de coagulation.
SLP et biologie doivent se
compléter : le premier contrôle les apports gras, l'autre
l'évolution des lipoprotéines athérogènes.
L'huile d'olive vierge, aliment gras
pivot des régimes méditerranéens.
Dans ses qualités vierges, l'huile
d'olive était pratiquement le seul aliment gras visible du régime
crétois ancien. Les huiles à base d'olive étaient
réservées aux usages lampants. L'huile d'olive a un goût
agréable et très diversifié en cuisine. Elle peut
être consommée sans inconvénients à tous les
âges de la vie, jusqu'aux quantités journalières maxima des
graisses (de 50 à 80 ml par jour). Sa composition est dominée par
l'acide oléique, chef de file des Agmi. Elle est l'aliment gras le plus
actif pour prévenir les perturbations des lipoprotéines
observées dans l'athérome. Enfin, son SLP est l'un des plus bas
des huiles, facteur très favorable. |
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Conclusion
Il y a sans doute un avenir pour tel ou tel
régime méditerranéen en prévention des maladies
cardio-vasculaires par athérome. Mais, il faut fonder cet avenir sur des
études épidémiologiques comparatives
contrôlées en continu par le SLP et en discontinu régulier
par la biologie des lipoprotéines intéressées. En
attendant les résultats de ces études, on adoptera les remarques
de Jean-Louis Richard (L'huile d'olive de France,
colloque du Sénat, Agora Europe éd. Sèvres, 2000
pp.105-108) : "Le régime méditerranéen
pourrait redevenir un modèle pour les habitants de la région
méditerranéenne, sinon en zone urbaine, du moins en zone rurale,
du fait du caractère traditionnel des modes de production alimentaire.
En dehors des zones rurales des pays concernés, l'approvisionnement en
aliments de qualité pose des problèmes actuellement non
maîtrisés. Ne tombons pas dans le piège de l'aliment
unique, ici l'huile d'olive vierge". "Avant de retenir l'intérêt
du régime méditerranéen (comme de tout autre
régime), il faut se demander comment sont contrôlés sa
faisabilité et son suivi, puisqu'en matière de prévention
cardio-vasculaire il s'agit d'un régime définitif". "N'oublions
pas non plus qu'il est toujours impossible de contrôler de façon
suivie les apports des aliments non gras présents dans n'importe quel
régime de prévention cardiaque". |
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Les huit
propositions du Colloque du Sénat "L'huile d'olive de France " le
25-01-2000 Président : Monsieur le Sénateur Marcel VIDAL
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Le Colloque a enregistré la
progression régulière de la consommation d'huile d'olive en
France depuis vingt ans et a noté la stagnation de la production
nationale, située actuellement autour du taux très faible de 3 %
environ. Les professionnels de notre pays désirent conforter la place
historique, culturelle et économique de la France en tant que pays
oléicole de la région méditerranéenne. Ils veulent
protéger le caractère spécifique des ventes d'huile
d'olive sur le territoire national, pratiquement réservées
(environ 98%) aux huiles naturelles de terroir sous forme d'huiles d'olive
vierges (extra et fines), à comparer aux 15 % d'huiles vierges en
Espagne et aux 50% en Italie.
Proposition n°1 Proposer
toutes mesures nécessaires dans le cadre des programmes actuels et
à venir, pour atteindre à la fin des dix prochaines années
une production régulière de 10.000 tonnes d'huiles d'olive
vierges, à partir d'olives françaises.
Proposition n°2 Proposer des
dénominations commerciales des huiles d'olive qui ne puissent
prêter à aucune confusion pour le consommateur.
Proposition n°3 Proposer
toutes mesures permettant la connaissance des fraudes et de leurs limitations,
dans le domaine de la qualité des huiles d'olive de terroir soumises au
commerce. En particulier, la traçabilité des huiles d'olive
vierges devrait être claire et accessible au consommateur.
Proposition n°4 Proposer, en
accord avec les données scientifiques les plus récentes, de
nouveaux contrôles et dosages biochimiques, permettant la
caractérisation des huiles d'olive vierges.
Proposition n°5 Proposer
toutes mesures favorisant des huiles d'olive du terroir français, par la
poursuite de la politique des AOC et par le développement
généralisé de tous procédés de mise en
valeur des saveurs et des qualités nutritionnelles et
thérapeutiques des huiles d'olive vierges de terroir. Encourager
l'acquisition et la diffusion du savoir sur les huiles d'olive vierges dans
tous les domaines (recherches scientifiques et techniques,
réglementations, patrimoine, économie, etc.).
Proposition n°6 Proposer de
confirmer la position en usage de l'interprofession : seules les huiles d'olive
en provenance d'olives françaises, récoltées et
transformées en France, ont droit à la mention " Origine France
".
Proposition n°7 Proposer la
mise en place de formations diplômantes spécifiques «
oléiculture » dans les lycées agricoles arboricoles du Sud
de la France, ainsi que la mise en place d'une formation technique pour les
mouliniers et confiseurs dans les lycées techniques de la zone de
production.
Proposition N°8 Proposer la
constitution d'un groupe de travail pour mettre en place, suivre et finaliser
les propositions du Colloque sur l'huile d'olive de France. Ce groupe devrait
comprendre, sous la présidence du Président du Groupe
Oléiculture du Sénat, un représentant de l'Association
Française Interprofessionnelle de l'Olive, un représentant de
l'ONIOL, un représentant de l'Institut du Monde de l'Olivier et un
représentant de Connaissance de l'Huile d'Olive, des
représentants désignés des ministères de
l'Agriculture, de la Santé, de l'Aménagement du territoire, enfin
des représentants désignés des quatre régions
oléicoles françaises. Le Secrétariat du groupe de travail
se réunira au minimum deux fois par an. Les comptes rendus de ces
réunions seront diffusés auprès du groupe
Oléiculture du Sénat, des organisations professionnelles, des
ministères intéressés et des experts de
l'Oléiculture à l'Union Européenne.
Philippe Andlauer, André Charbonnier et Christian
Teulade |
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© Connaissance de
l'huile d'olive (Dr André Charbonnier, Dr Jean-Louis
Richard) |
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